Introduction
Verse l'averse d'automne / je ne suis / pas encore mort
Taneda Santôka. 1882-1939
« Ce qui plaît au monde est un songe éphémère », se lamente Pétrarque (Canzoniere, 1 et 29).
Tel est l’un des enjeux du haïku (forme classique de la poésie japonaise): prendre dans les rets des mots, dans le rythme du souffle, l’évanescence des sentiments, le volatile des pensées, les métamorphoses de l’être. Dire l’indicible, obstinément, lutter contre la mort, désespérément.
Economie de paroles, économie de temps, mais saisir pourtant la vacuité de toute chose, fixer « le transitoire dans l’éternel » selon l’expression consacrée de Baudelaire.
Selon le wabi ou sabi, l’esthétique japonaise cherche la beauté dans l’inachevé, dans l’instant.
S'il n'y a de beau que l'éphémère, alors le Japon est beauté par excellence.
Là, l’éphémère y est ritualisé, le temps qui passe est célébré par de nombreux actes traditionnels et événements liés aux saisons - rougeoiement des feuilles d’érables en automne ou floraison des cerisiers (sakura) au printemps.
J’aurai la chance d’y vivre l’une de ces deux saisons.